Katy Roberts (piano)
"Live at twins and more"
Voilà le nouveau disque de l'énergique pianiste Katy Roberts.
Enregistré sur trois années avec trois sections rythmiques différentes, cet opus rassemble principalement des compositions de McCoy Tyner, Mingus, Coltrane etc dans un style allant du Hard Bop classique au Bop le plus novateur. Le choix des titres est parfait et met en valeur les facultés et talents de chaque musicien.
'Seventh Avenue', excursion Hard Bop à tempo très rapide, commence avec le solide saxophone ténor de Salim Washington. Il présente un son puissant rappelant un peu Joe Henderson, un peu Dexter Gordon ; suit le solo de trompette de Rasul Siddik au son Hard Bop, avec peut-être un soupçon de Woody Shaw.
Il plane une belle atmosphère bluesy digne de McCoy Tyner. Katy continue dans cette veine, avec un solo juste, bluesy et dynamique. Après la dernière exposition du thème, le morceau prend fin avec un court mais efficace solo de Betsch.
La valse jazz de Salim, 'Blossom', conduit aux discours lyriques de la flûte et de la trompette avec sourdine. Il emprunte légèrement au Dolphy de la période classique du Five Spot. La flûte de Salim est brillante et attractive ; le solo de Katy se détache avec ampleur et vivacité, sa main gauche exactement dans l’esprit de McCoy Tyner.
La 'Love Dance' à six temps de Joe Bonner véhicule une sensation binaire à la manière africaine post-coltranienne et donne lieu à l’expression animée de Betsch et à un inventif solo de trompette par Rasul. Celui-ci semble tout à fait à l’aise dans les aigus et fait surgir des phrases impeccables.
La propre composition de Roberts, 'Photonality', habitée et flamboyante, suscite de remarquables solos du ténor et de la trompette. Katy Roberts devrait écrire davantage ; cette séduisante composition rappelle Lee Morgan au sein de son dernier groupe avec Bennie Maupin.
Le solo de Katy dans 'Self Portrait in Three Colors' de Mingus, constitue l’un de ses plus puissants, produisant une ballade au style différent de celui des morceaux aux tempos plus enlevés. Sa main droite semble s’élancer vers des lignes virtuelles de trompette et le résultat est inventif. 'Jean Marie', composition à tempo medium et au groove apparenté à celui d’Elvin Jones, permet une échappée de la main droite de Roberts et de merveilleuses improvisations.
L'ensemble du CD de Roberts recèle cette énergie et cet élan que tout bon enregistrement devrait posséder. Si vous appréciez le Hard Bop qui s’éloigne de la tendance générale et qui associe des cuivres de qualité, vous aimerez ce disque. J’attends avec impatience son prochain CD.
--Grego Applegate Edwards
CADENCE MAGAZINE, Février 2007